
En 2017, le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed bin Salman, a déclaré à un des principaux collaborateurs qu’il utiliserait « une balle » contre le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, selon un article du New York Times citant des responsables américains et étrangers au courant de rapports de renseignements.
La conversation – avec l’aide Turki Aldakhil – a eu lieu en septembre 2017, un peu plus d’un an avant que Khashoggi, un éditorialiste du Washington Post, soit tué et démembré après être entré au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, a rapporté jeudi le Times.
Dans la conversation, bin Salman aurait déclaré que si Khashoggi – un initié de la cour royale saoudien devenu critique du gouvernement – ne pouvait pas être tenté de retourner dans le royaume, il devrait alors être renvoyé de force. Si cela ne fonctionnait pas, le prince héritier a déclaré qu’il s’attaquerait à Khashoggi « avec une balle », ont rapporté des responsables au Times rapportant.
L’enregistrement a été intercepté à l’époque par les services de renseignements américains, a annoncé le Times. Cependant, son importance n’a été comprise que lorsque les agents du renseignement l’ont écouté après la mort de Khashoggi.
L’article indiquait également que quelques jours avant la conversation avec Aldakhil, selon le même rapport de renseignements, bin Salman s’était plaint à un autre assistant, Saud al-Qahtani, que Khashoggi avait acquis une trop grande influence et ternirait apparemment son image de réformateur.
CNN n’a pas vu ni entendu les rapports des services de renseignements et ne peut pas vérifier de manière indépendante les affirmations du Times. Le gouvernement saoudien et Aldakhil n’ont pas immédiatement répondu à la demande de commentaires de CNN.
Riyad a affirmé que ni Salman ni le roi Salman n’étaient au courant de l’opération visant à prendre pour cible Khashoggi en octobre dernier. Des responsables américains ont toutefois indiqué qu’une telle mission, comprenant 15 hommes envoyés de Riyad, n’aurait pu être effectuée sans l’autorisation de bin Salman.
Les procureurs saoudiens ont jugé 11 personnes accusées du meurtre de Khashoggi, exigeant la peine de mort pour cinq d’entre elles. Toutefois, des responsables des Nations unies ont déclaré que le procès ne répondait pas à leur appel pour une enquête indépendante et internationale, et des responsables américains ont indiqué qu’il n’avait pas atteint le « seuil de crédibilité et de responsabilité » auquel ils s’attendent.
Le Congrès américain et d’autres ont demandé au président des États-Unis, Donald Trump, de tenir l’Arabie saoudite pour responsable de l’affaire Khashoggi.
La Maison Blanche a une échéance fixée vendredi pour répondre à une demande du Sénat demandant au président de déterminer si bin Salman est responsable d’une violation des droits humains « contre un individu exerçant sa liberté d’expression » en vertu de la loi Magnitsky.