Le candidat à la présidentielle ivoirienne, Guillaume Soro a annulé son voyage à Abidjan lundi après que le procureur ait émis un mandat d’arrêt international contre lui. Soro est accusé d’avoir tenté de faire un coup d’État et de détournement de fonds publics.
Les partisans de Guillaume Soro pensent que leur chef est la cible d’une campagne injuste de la part du président Alassane Dramane Ouattara après avoir annoncé son intention de se présenter aux élections présidentielles.
Début octobre, Soro s’est adressé à ses partisans à Valence, en Espagne, au sujet de son intention de se présenter aux élections présidentielles de 2020.
Selon nos sources, les anciens alliés ont eu des entretiens indirects jusqu’au soir du 22 décembre. Le président aurait demandé à Soro de reporter son retour après une absence de plus de six mois.
Le 23 décembre, le procureur de la république de Côte d’Ivoire a émis un mandat d’arrêt international contre l’ancien président de l’Assemblée nationale, forçant Soro à détourner son vol vers le Ghana.
À la demande d’Abidjan, les autorités ghanéennes ont refusé d’accorder à Soro la permission de débarquer à Accra. Son jet a été ravitaillé en carburant et s’est envolé pour Ténérife, aux Canaries, en Espagne, où il a atterri peu avant 23 heures (GMT).
Selon nos sources, Ouattara s’est entretenu avec le président français Emmanuel Macron de l’arrestation éventuelle de Soro lors d’une réunion le 21 décembre. Le lendemain, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly a convoqué un conseil gouvernemental extraordinaire pour informer les membres du gouvernement de la décision.
D’autres sources gouvernementales, dont un ministre, affirment être en possession d’un enregistrement audio de 12 minutes dans lequel Soro parle de l’insurrection et du coup d’État prévus, et «comment il compte frapper le régime, ses relais et ses réseaux « .
Ce scénario rappelle l’affaire de l’écoute téléphonique qui a impliqué Soro dans le coup d’État manqué du général burkinabé Gilbert Diendéré au Burkina Faso en 2015.
En outre, le procureur de la République dit avoir reçu une plainte du Trésor le 20 décembre, accusant Soro de détournement de fonds publics, de dissimulation de fonds publics et de blanchiment d’argent.
Une source proche de Soro conteste les allégations, tout en ajoutant que la résidence Marcory a été achetée par l’intermédiaire de la société civile immobilière en 2008, lorsque Soro était Premier ministre. La résidence appartenait auparavant à l’homme politique béninois Adrien Houngbédji.
Plusieurs militaires ivoiriens encagoulés ont fait une descente dans les bureaux du parti Générations et Peuples solidaires (GPS) de Soro vers 16 heures (GMT) le lundi 23 décembre.
Les agents ont arrêté quinze personnes, dont le porte-parole du GPS et conseiller de Soro, Alain Lobognon, le frère de l’ancien Premier ministre, Simon Soro, et son directeur du protocole, Souleymane Kamagaté.
Le siège du GPS se trouve dans un bâtiment adjacent à l’ambassade des États-Unis à Abidjan.